trouvent à l’extérieur des frontières de l’URSS en 1945: la
population civile, les prisonniers de guerre, les réfugiés proprement
dit qui avaient quitté le pays lors du retrait des troupes allemandes
et enfin ceux qui, par conviction ou par survie, auraient accepté se
s’allier aux Allemands (les cosaques, diverses ethnies caucasiennes
et l’Armée Russe de Libération du général Vlassov).
Le nombre de névozvrachtchéntsy («non-retournants») ou
«réfractaires au retour» aurait pu être plus important si les Alliés
n’avaient pas signé à Yalta des accords prévoyant le rapatriement
forcé de tout les citoyens soviétiques.
corps expÉditionnaire russe et la lÉgion russe d’honneur.
Les volontaires du Corps Expéditionnaire Russe combattants dans
la Division Marocaine.
En 1916, un corps expéditionnaire russe de 44 292 hommes
débarque en France pour se battre sur les Fronts français et
macédoniens.
Lors de son voyage en Russie, en décembre 1915, Paul Doumer
envisage l'envoi de 300.000 hommes en France, en échange de matériels
de guerre dont la Russie avait grand besoin. La proposition française
ne rencontre pas beaucoup de succès auprès du commandement russe,
mais Sa Majesté Impériale Nicolas II émet le souhait de l'envoi de
troupes russes en France. Le Chef d'État-Major, le Général Aléxéiev
propose de le faire a titre d'essai dans les conditions suivantes:
les soldats russes seront envoyés en unités constituées, encadrées
par des officiers russes et mises à la disposition des Grandes Unités
françaises. Ces troupes seront armées par du matériel français et
seront transportées par les soins de la Marine française. Paul Doumer
exprime le désir que le chiffre de 40.000 hommes par mois soit
atteint rapidement.
En exécution de cette décision, dès janvier 1916, on procède à
la formation de la 1ère Brigade Russe Spéciale, composée de 2
régiments. Le premier forme a Moscou, le 2ème a Samara (sur la
Volga). Les brigades sont formées essentiellement par des bataillons
de réserve, c'est-a-dire des hommes n'ayant pas subi leur bapteme du
feu, ce qui était probablement une erreur. Le 1er régiment est
compose essentiellement d'ouvriers d'usines, le 2ème de paysans, ce
qui explique certains événements ultérieurs.
Les régiments sont à 3 bataillons de 4 compagnies, en outre,
chaque régiment a 3 compagnies de mitrailleuses (12 par compagnie),
une unité de liaison et une séction de services. Le bataillon de
réserve est à 6 compagnies. Les effectifs de la 1ère brigade,
commandée par le Général Lokhvitzky, comprend 180 officiers et 8762
sous-officiers et hommes de troupe. La brigade a une collection
d'effets d'habillement en double: chaque compagnie a sa cuisine
roulante. La dotation en matériel est à la charge de la France.
Le 1er echelon part de Moscou le 3 fevrier 1916, par chemin de
fer, par la Sibérie et la Mandchourie jusqu'à Dairen (Ta-Lien) et, de
la, par mer jusqu'a Marseille où il arrive le 26 avril, soit un
voyage de 30.000 km, dont 60 jours en mer. Le débarquement a lieu a
Marseille et fait une tres grande impression sur les Français: tous
les journaux ne tarissant pas d'éloges sur l'armée russe. Ainsi,
l'arrivée des troupes russes en France constitue un nouveau maillon
des rélations amicales entre les Alliés.
La formation de 3 autres brigades russes est entreprise peu
après. En raison de la situation difficile, la 2ème brigade est
envoyée a Salonique où elle arrive debut Août 1916. La 3ème brigade
est formée a Ékatérinbourg et a Tchéliabinsk, en partie avec des
compagnies des régiments en campagne, en partie de bataillons de
réserve; elle est envoyée en France en août 1916. Enfin, la 4ème
brigade arrive a Salonique en novembre de la même année.
Ainsi, au cours de l'année 1916, malgré l'offensive, énorme
par son etendue et par ses pertes, du Général Broussilloff sur le
front gérmano-autrichien, le Haut Commandement peut former 4 brigades
spéciales, soit mettre à la disposition de la France 745 officiers et
43 547 hommes de troupe. La formation des 5ème, 6ème, 7ème et 8ème
brigades n'est pas terminée au moment de la révolution.
L'année 1916 est, pour les Français, une année difficile:
l'année de Verdun où tombèrent 350.000 Français, soit 25 % des pertes
totales françaises pendant la Grande Guerre. La 1ère Brigade
Spéciale, débarquée le 20 avril, est dès le 23 avril transférée au
Camp de Mailly, près de Chalons-sur-Marne, qui fut mis entièrement à
la disposition des Russes. Ce camp dépendait de la 4ème Armée du
Général Gouraud qui, à plusieurs reprises, prit contact avec les
troupes russes et veilla a leurs besoins.
En décembre 1916, est crée dans ce camp, un Camp d'Instruction
pour divers spécialistes; c'est là, également, que viennent les
troupes russes au repos et pour se perféctionner.
Le Président de la République lui-même visite le camp et est
frappe par l'excellent aspect de la brigade et décore le Général
Lokhvitzky de l'ordre de Commandeur de la Légion d'Honneur. À la fin
du mois de juin 1916, la 1ère brigade est envoyée dans le secteur
occupé par le Groupement Ouest de la 4ème Armée, a l'Est entre
Suippes et Auberive.
En 1917, la conduite au feu des deux brigades est appreciée
par les Alliés. En mars 1917 elles sont dans la region du Fort de la
Pompelle. Lors de l'attaque "Nivelle" du 16 avril 1917, dans le cadre
de la 5eme Armée, la 1ère Brigade Spéciale prend Courcy, le 3ème
Brigade attaque et occupe le mont Spin. Les pertes pour les 2
brigades russes sont de 70 Officiers et 4 472 Soldats tués, blessés
ou disparus.
Formation de la Légion Russe d’Honneur
Par suite de la Révolution Russe, la Russie quitte les rangs
des Alliés et les Régiments russes du Corps Expéditionnaire sont
relevés du front par le Gouvernement français, reformés et
transformés en compagnies de travailleurs. Le nom même de "Russe" est
devenu synonyme de "traître".
Cette situation devenant insupportable, des centaines de
militaires russes sous l'impulsion du Colonel Gotoua, profondement
blesses dans leur orgueil national, s'organisent et demandent au
Gouvernement français l'autorisation de regagner le front. Après de
multiples hésitations et de pourparlers, l'autorisation est accordée
pour la création de la Légion Russe.
Le 23 décembre1917, cette unité, sous le commandement du
Colonel Gotoua monte en ligne, versée dans la Division Marocaine
considerée a l'epoque comme la meilleure unité française. La rénommée
et l'héroisme du soldat russe atteignit des sommets inégales au sein
de cette unité.
Fin mars 1918, les Allemands percent le front des Alliés du
côte d'Amiens entre l'armée française et les troupes anglaises et
s'engouffrent dans la bréche ainsi créée. La situation devenant
critique, le Haut Commandement Français donne ordre à la division
marocaine de contre-attaquer. La Légion Russe est placée en tête de
troupes de la contre-attaque.
Le Général Dauzan, Commandant de la Division Marocaine, decora
le Capitaine Loupanoff de la Légion d'Honneur et le bataillon reçut
un "état de recompense". Les pertes sont sévères.
Mai 1918. Les Allemands jettent dans la bataille leurs
meilleures troupes et enfoncent les lignes françaises. D'un bond, ils
passent l'Aisne et, en marche forcée, approchent de Chateau-Thierry.
Soissons est tombée, la route sur Paris est ouverte! Rappelée de
toute urgence, la Division Marocaine occupe la position à cheval sur
la route de Soissons-Paris et reçoit, la première, le coup de boutoir
allemand. Les zouaves retiennent la pression ennemie mais, au bout
d'un moment, commencent a céder dans leur centre. À l'instant où tout
semblait perdu, le Commandement jette en attaque sa dernière réserve,
la Légion Russe.
Son attaque est décrite de la façon suivante par l 'historién
de la Division Marocaine:
"Pour arrêter cette avance menaçante, le Colonel Lagarde donne
ordre a la Légion Russe de contre-attaquer. La Légion Russe se lance
en avant, officiers en tete. Même les medecins, pris par
l'enthousiasme de cette glorieuse phalange, ont oublié leur mission
principale de charité et, avec les combattants, pénètrent dans les
rangs de l'ennemi. Sur 150 combattants, 110 sont restés sur la côte
de Vauxbuin. Cette bataille coûte aux Russes 85 % de leurs effectifs
et presque tous les officiers"
La presse française de l'époque en admiration devant
l'héroisme russe souligne le grand nombre de Croix de la Légion
d'Honneur et de Croix de Guerre décerné aux combattants russes et
emploie pour la première fois le terme honorifique, reste depuis
attache à cette unité en la dénommant la "Légion d'Honneur".
En août, la Légion Russe reçoit enfin pour la première fois
des renforts importants composés de volontaires d'anciens régiments
du Corps Expéditionnaire, devient un bataillon avec 2 compagnies et
demie de tirailleurs et une compagnie de mitrailleurs et rentre comme
unité indépendante dans la Première Brigade de la Division Marocaine.
Ce bataillon est aussitôt dirigé au nord de l'Aisne où i1
s'empare de Térny-Sorny et progresse vers Laffaux, un des points
avancés de la ligne Hindenburg.
Au cours des combats du 12 séptembre, le bataillon franchit 3
rangées de fortifications en béton armé et perce la ligne de défense
allemande, prend par surprise un grand nombre de prisonniers et une